TEXTE ORIGINAL PAR MATT GERDES (SQUIRREL). TRADUCTION PAR ROCH MALNUIT (ROCK DROP).

 

Andy West a dit un jour : « Le vol de proximité est le tournant du BASE jump ». Je pense qu’il avait raison. Voler près du terrain dans une wingsuit est grisant, difficile et dangereux. Le risque majeur est une mort immédiate après une légère erreur de calcul. Le résultat est une incroyable sensation de vitesse et, pour certains, l’adulation de leurs pairs (certaines personnes iront jusqu’à mourir pour obtenir, ce qu’elles pensent être, une vidéo impressionnante). Les satisfactions, par rapport aux risques, sont complètement inutiles. Mais pour ceux d’entre nous qui ne peuvent pas piloter des avions de chasse, la sensation de voler près du sol en wingsuit en vaut la peine.

Voler près du terrain en wingsuit n’est pas une question de temps de réaction, car si vous deviez réagir à une situation, il serait probablement trop tard. Il est plus important d’anticiper, pour regarder loin et savoir quoi faire (et ce que vous pouvez faire !) avant que ce ne soit réellement le temps de le faire. Comprendre les trajectoires de vols et apprendre les limites de votre plage de manœuvre est quelque chose qui ne peut pas être appris efficacement dans un environnement de parachutisme. Il va donc sans dire que si vous voulez voler près du terrain, vous devrez multiplier les sauts de BASE en wingsuit, en se concentrant sur les capacités de votre wingsuit et sur son contrôle ultra-précis

Avec une bonne wingsuit et un peu d’entraînement, vous découvrirez peut-être que c’est plus facile (et plus dangereux) qu’il n’y paraît. À mon avis, la raison pour laquelle le vol de proximité est si dangereux, c’est qu’il est assez facile de le faire. Différentes personnes peuvent progresser de différentes manières, et la grande majorité des base jumpers voudront progresser plus rapidement qu’ils ne le devraient. Je sais que c’est ennuyeux de voir comment les base jumpers les plus expérimentés s’accordent à répéter « vas-y tranquille. » Mais c’est un bon conseil : ralentissez vraiment.

Je ne vais pas écrire une liste détaillée de conseils précis, car je crois fermement que tout ce qui est nécessaire pour voler près du terrain est une maîtrise de votre wingsuit et une certaine conscience de l’espace autour de vous. Au lieu de cela, je voudrais plutôt vous donner un coup de pouce avec quelques réflexions générales.

Tout d’abord, je voudrais prendre la position rare et peut-être controversée qu’une petite wingsuit n’est pas nécessairement plus sûr qu’une wingsuit plus grande. Certaines grandes wingsuits sont plus faciles à piloter que certaines petites wingsuits, c’est juste un fait. Cependant, adhérer au paradigme « une taille réduite, c’est plus sûr », sans prêter attention au niveau d’aisance et à l’expérience globale du base jumper serait un mauvais raccourcit. La wingsuit avec laquelle vous devriez commencer à sauter en BASE est la wingsuit qui est la plus facile à piloter pour vous. La seule mise en garde étant qu’à mon avis, avec votre première wingsuit (et pourquoi pas toutes), vous devriez avoir un accès facile et instantané à votre PC et à vos commandes de freins.

Une fois que vous avez commencé à faire du BASE , vous devez faire tous les efforts pour progresser lentement (je sais que je radote comme les vieux.) Vous vivez quelque chose qu’un pourcentage presque incommensurable d’humains a vécu, et cela vous rend très spécial. Encore plus spécial que votre mère l’aurait imaginé. Alors calmez-vous et profitez des vols simples et en ligne droite. Apprenez les capacités de votre wingsuit en expérimentant différents angles d’attaques et en trouvant votre position de finesse maximale. Essayez de faire voler votre wingsuit le plus rapidement possible après un départ, ne prenez pas la mauvaise habitude d’avoir besoin d’une longue accélération pour bien voler. Tirez haut et entraînez-vous à mettre vos élévateurs et vos commandes de freins entre vos mains aussi vite que possible, et perfectionnez le lancer de votre extracteur. Et enfin, apprenez à voler le plus loin possible avant d’essayer de voler le plus près possible.

L’art du vol de distance à été éclipsé par l’essor des vidéos de vol « de proximité ». Cependant, aucun pilote de wingsuit n’est respectable à moins qu’il ne puisse atteindre ET MAINTENIR une finesse respectable. Obtenir des pointes de finesses de courtes durées sur votre GPS ne compte pas. Ce qui compte, c’est une moyenne longue et cohérente tout au long de votre saut. Entraînez-vous à plusieurs reprises à partir d’une falaise adaptée et essayez d’augmenter votre distance tout en tirant à une altitude sûre et identique. À la fin de votre vol, le moyen le plus simple de parcourir quelques mètres de plus est de descendre bas, mais c’est aussi le moyen le plus stupide. Ne rivalisez qu’avec vous-même et restez intelligent.

Voler près du terrain devrait impliquer d’augmenter votre vitesse tout en diminuant votre angle d’attaque et de voler près du terrain ou vers un endroit proche du mur. Vous ne devriez jamais tenter de « survoler » quelque chose. Vous devriez « voler vers » des zones. Voler près du mur, latéralement, nécessitera un ajustement rapide de la trajectoire horizontale, ce qui n’est pas le point fort d’une wingsuit. Les wingsuits ne « bascule » pas en virage, elles « dérivent » dans les virages, probablement beaucoup plus que vous ne le pensez. Alors ne vous mettez jamais dans une position qui nécessitera un virage pour éviter un objet. En termes simples, la façon la plus simple de voler près de quelque chose est de plonger sur cette zone de terrain qui nécessite un angle de planer relativement raide pour l’atteindre. Vous aurez alors beaucoup de vitesse et d’énergie à utiliser pour « échapper vers le haut » (« échapper vers le haut » est littéralement inexact, mais peut-être décrit le mieux l’acte de convertir momentanément la vitesse emmagasinée en une ressource efficace) et éviter l’objet confortablement.

Dans le cas de mon expérience personnelle et dans les circonstances de la plupart des décès en wingsuit, il est évident que les virages près du terrain sont probablement la partie la plus difficile et la plus dangereuse du vol de proximité. Voler une ligne qui nécessite un virage pour éviter un objet peut être complexe, et la sévérité du virage est proportionnelle à sa complexité et à son danger. Beaucoup de plaisir en vol de proximité peut être obtenu avec des lignes relativement droites, alors mémorisez les caractéristiques des virages et commencez à les répéter très soigneusement. En parachutisme, il n’est pas possible de visualiser la quantité de dérives ou de glissade que vous rencontrez dans un virage, mais croyez-moi, c’est une quantité importante. Piloter une wingsuit ressemble beaucoup plus à conduire un kart sur une piste lisse et huilée avec des pneus usés, qu’à conduire une vraie voiture de sport sur sol sec. Vous pouvez avoir l’impression qu’un virage en wingsuit rapide et incliné est efficace, mais vous ne comprendrez pas la quantité de dérives (et de perte d’altitude) tant que vous ne pourrez pas la mesurer en survolant quelque chose en BASE. Détecter la quantité de dérives possible tout en effectuant un virage près d’un mur est également difficile en raison de la nécessité d’une perception de la profondeur très aiguë, que personne n’a dans sa vision périphérique à des vitesses si élevées. Peut-être que la meilleure façon de pratiquer cela est de faire un parcours de slalom avec une seule porte. Choisissez un point de référence sur votre trajectoire de vol, avec un espace dégagé à l’avant et en dessous, et faites ce virage. Vous découvrirez peut-être que votre virage dérive bien plus que prévu. 

En résumé : maîtrisez votre wingsuit d’abord en parachutisme, puis en BASE jump lors de sauts droits et loin du mur. N’essayez jamais de survoler quelque chose, volez toujours vers le bas. Et soyez prudent avec les virages. Surtout, ne volez que pour vous ! Oubliez la vidéo et concentrez-vous simplement sur le fait que peu importe la simplicité de votre vol, vous êtes déjà un être humain très chanceux. Nous vivons à une époque incroyable et nous devrions tous être très reconnaissants. En tous cas, je sais que je le suis.